
Je ne compte plus le nombre d’années que je n’ai pas écouté un Keny Arkana. Oh, bien sûr, j’avais jeté une oreille plus que distraite sur le projet de Jul spécial Marseille, avec les nombreux featurings prestigieux qu’il contenait, mais je me suis plutôt demandé ce que l’activiste rimeuse était venue faire là qu’autre chose. Parce que la dame a toujours été douée, et dramatiquement sous-exposée. Bien sûr, on peut être d’accord ou pas avec ses prises de position altermondialistes et anti-vaccin, mais ça n’est qu’une partie du personnage. Le reste, c’est un réel talent pour le flow et un certain goût pour les titres catchy, avec un parler-vrai et une aisance dans le maniement des mots qui fait passer, à l’instar d’une Casey, nombre de ses collègues masculins pour de bons gros pignoufs. Et c’est mérité. « Avant l’exode », c’est l’annonce d’un départ annoncé. Celui de Keny pour le Mexique, un exil choisi pour échapper à « la dictature sanitaire » dont elle regrette l’inéluctabilité sans possibilité de discussion. Vous pouvez donc d’ores et déjà oublier la possibilité de la voir en concert. Au mieux, on pourra profiter de « L’exode », l’album qu’elle prépare depuis quelques temps… et que, donc, elle continuera probablement à distance. Ce nouvel opus est donc un avant-goût de ce qu’elle nous prépare… et je dois dire que c’est assez alléchant. Dès « J’sais pas faire autrement », on retrouve ce rap aux accents percutants teinté de reggae et ragga. Une coloration de plus en plus présente qu’apparemment on va retrouver encore plus sur le futur album, et qui concorde avec un message de plus en plus militant, hérité d’années de militantisme zadiste, anticolonialiste et plus généralement contestataire. Cet « ep » qui compte en fait 12 titres et totalise 36 minutes, est un manifeste de révolte, un dernier coup d’éclat avant de quitter le théâtre des combats. Et puisqu’on ne sait quand le retour aura lieu, autant en profiter de suite !