Ah, ça faisait longtemps que je n’avais chroniqué un vrai bon gros WTF musical. C’est une thérapie pour moi, un lavement pour mes oreilles, ce chaos organisé, cette déconstruction sonore composée. C’est ce qu’une partie de mon âme recherche, un reflet de mon moi profond, celui qui cherche à s’échapper du carcan de mélodies dans lequel j’aime à l’enfermer. Enfin, bref, Kammerflimmer Kollektief est un sextet allemand qui se propose de façon tout à fait chevaleresque de mixer free jazz, musique expérimentale, noise et post electro. Ça vous a l’air improbable ? Eh bien certes, ça peut l’être parfois. Les titres sont cependant assez variés dans leur ambiance et ne manquent pas de relief ni de couleur. L’instrumentation y joue un rôle prépondérant ; des crissements de saxophone aux plaintes étirées d’un accordéon, de la profondeur de jeu de la contrebasse aux bribes électro et samplées peuplant l’arrière-plan, il y a du monde à voir. De la longue et chaotique « Action 1 » à la twin peakesque « Action 7 », on traverse des paysages de cinéma, tantôt arides et escarpés, tantôt crépusculaires et étouffants. Les différences sont subtiles, la musicalité du groupe l’est tout autant, mais on passe au final un beau moment, en-dehors du monde réel, et extrait de toute logique mercantile.
Kammerflimmer Kollektief : Action 1 : Lucid, imperial beach