
Ouf, je n’ai pas raté de disque de Jean Jean ! Découvert en 2018 avec un « Froidepierre » entre post rock et electro qui s’était montré bluffant, j’avais dans l’intention de suivre à la trace le groupe, curieux de voir son évolution. Et bien ce troisième album suit finalement pas mal son prédécesseur, avec toujours ce côté froid et electro, et même une tendance synthwave encore plus affirmée. « Fog infinite » est donc un autre album instrumental qui alterne entre ambiances sombres et posées et moments plus frénétiques ou du moins énergiques. Le côté science-fiction qui accompagnait « Froidepierre » se retrouve ici également, peut-être encore mieux rendu par une production résolument moderne et efficace. On nous rebat (certes à raison) les oreilles avec la toute puissante scène synthwave française, et Jean Jean, de par son positionnement hybride, ne profite pas forcément de ce battage. En effet, il ne partage pas forcément les mêmes influences, ne va pas chasser sur les mêmes terres, n’exploite pas totalement les mêmes sonorités. Mais les trajectoires et les vibrations de ce type de formations et de Jean Jean sont parallèles, et il serait donc dommage de s’intéresser à l’une et pas à l’autre. Et d’ailleurs, si leurs intérêts convergent, leurs points de vue et évolution semble également réduire l’écart qui les sépare. Oui, Jean Jean reste un peu plus fidèle à ses racines post rock, mais la grandiloquence synthwave déjà ressentie auparavant est bien à l’oeuvre, et n’hésite pas à bouffer un peu plus l’espace dédié aux digressions plus typiquement prog / math rock. Doit-on s’en plaindre ? Non : le génie de Jean Jean reste intact, il s’exprime juste de façon différente. Et « Fog infinite » n’en est pas moins grandiose et étourdissant.