HILARY WOODS : Birthmarks

Pour qui a laisser traîner ses oreilles sur les albums, et surtout ses yeux sur les crédits des albums de JJ72, le nom de Hilary Woods ne sonnera pas creux ; la dame a en effet été bassiste pour le groupe. Et je me suis franchement tâté à placer cette information en introduction de cette chronique. Parce que, hormis le fait de conclure qu’elle n’est pas née de la dernière pluie (JJ72 a quand même mis la clé sous la porte en 2006), ça ne va pas vraiment vous aiguiller ; de l’indie rock de sa formation la plus connue, ce projet ne retient pas grand-chose. Si je devais vous décrire la chose (c’est ce que je vais essayer de faire, vous aviez deviné ? ), je parlerais plutôt d’un croisement entre une Agnès Obel et une Anna Von Hausswolff, avec une dose de noise en plus. Ça vous excite ? Non ? Ben ça devrait. « Birthmarks » est son deuxième album solo, après un « Colt » en 2018 à côté duquel je suis allègrement passé. Bref. « Birthmarks » est de ces disques dont pas mal de titres pourraient parfaitement coller à l’ambiance des séries les plus sombres de Netflix. Bien sûr, la couche noisy est parfois un peu trop prégnante (ce disque a été pensé et conçu avec l’aide de Lasse Marhaug, gourou noise / expérimental norvégien, trempant dans de nombreuses formations du genre), mais l’ensemble est le plus souvent très bien dosé. Assez court, ce disque s’attache plus à déployer des atmosphères que des chansons ; de fait, ces huit titres correspondent plus à une pièce en plusieurs actes qu’à une suite morcelée. Ça craque, ça frotte, ça se hérisse et ça se rétracte ; les éléments électroniques cohabitent avec les cordes, les basses, la voix, le piano et les field recordings dans une étrange sarabande qui tient plus de la sorcellerie que de l’enchantement. C’est une beauté sombre qui prédomine cependant ici, ce qui sauve ce disque du sticker « réservé à un public averti ». Éprouvant mais magique !

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