Revenue se confiner à Besançon, sa ville natale, Clio n’a pas pour autant fait taire ses voix intérieures, celles qui l’encouragent à partir, à voyager, à marcher des heures sous la pluie, le vague à l’âme. Une mélancolie et une propension à la fuite qui est retranscrite dans se chant détaché, parfois presque absent, et ces mélodies eighties qui sortent du train-train. Pourtant, c’est bien le spleen du quotidien que la dame se propose d’interpréter ici. De façon ostensiblement plus légère que sur « Déjà Venise » d’ailleurs. Ce qui ne me correspond pas forcément, mais ça, je m’y étais préparé dès la chronique de ce précédent disque. Mais voilà, chassez le naturel, il revient vous prendre au garrot, et finalement « L’amour hélas » est bien plus nuancé qu’annoncé. Clio ne nage manifestement pas encore dans le bonheur, mais tant mieux pour nous ; c’est dans les titres les plus maussades que je la préfère. Comme sur « L’appartement », vraie-fausse love song qu’elle partage avec Iggy Pop. La classe, même si les deux n’ont pas encore eu l’occasion de se rencontrer (paraît qu’y a un virus qui traîne) et que pour moi, un américain qui chante en français avec un très fort accent, ça sent toujours un peu le cataclysme. La force de Clio est là, d’ailleurs ; elle interprète des personnages qui se voilent la face, ou usent de la mauvaise foi pour s’auto-persuader que tout va bien. A force, on voit arriver le truc, mais ça reste une marque de fabrique originale et attachante. Encore une fois, la jeune maman a déclaré s’inspirer de Delerm et Barbara pour ce troisième opus, et encore une fois, je suis heureux de ne pas trouver ici ce qui me rebute chez ces deux noms. Peut-être alors est-ce moi que je tente de duper, et que je suis prêt à plonger et me complaire dans la nouvelle chanson française, mais je persiste à penser que Clio est une exception, une parenthèse. D’ailleurs, je n’apprécie vraiment qu’une partie des chansons. Mais je trouve quand même l’ensemble charmant.
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