
20 ans que le quatuor allemand étire les textures de son smooth jazz doomisant. Oui, je sais, ça fait un peu plus longtemps que la formation existe, mais au départ, les influences metal étaient encore bien présentes. Depuis, c’est clairement l’influence d’Angelo Badalamenti qui prime et guide l’auditeur dans un monde étrange, sombre, relaxant et angoissant à la fois, où la sensualité d’un saxo glissant le long de notes de contrebasse semées avec parcimonie nous emmène dans une torpeur gothique. Pas trop de surprises avec « Patchouli blue », dixième album du quatuor, qui malgré un titre assez inhabituel et une pochette kaléidoscopique, n’a pas grand-chose de psychédélique. Peut-être des volutes de fumées moins épaisses, des structures et thèmes plus proches du jazz « classique » sont-elles à l’oeuvre sur quelques titres (pas ceux que je préfère d’ailleurs…), mais l’essentiel de l’album reste en droite lignée de ce que vous connaissez déjà si vous êtes familiers de Bohren. Est-ce une mauvaise chose ? Que nenni, car quoi qu’il en soit, chaque disque de cette formation (ou presque) reste un délicieux alibi pour fermer les yeux une bonne heure et faire un (bad) trip dans notre inconscient, perdus entre fantasme et paranoïa, entourés de situations surréalistes et fantastiques. Et concrètement, « Patchouli blue » est peut-être malgré quelques titres un peu moins dark, l’un des meilleurs Bohren sortis depuis un moment. Adopté !