
Quoi ? Si vite ? Oui, j’ai chroniqué un disque des bretons il y a moins d’un an. Mais si « At the end of the yard » m’avait plu, il ne représentait pas ce qu’était le groupe à l’instant T, puisque l’album était constitué d’anciens titres réenregistrés. « Bonaventura », lui, est une vraie nouvelle œuvre. Et quelle œuvre. Les qualités effleurées sur le disque suscité nous explosent ici au visage : la versatilité du groupe et sa capacité à marier les genres de manière fluide, les jeux sur les ambiances qui en découlent, sa justesse de composition dans les tons et dans les temps, l’alternance des langues qui ne gênent en rien l’écoute… Pourtant, ce disque est resté longtemps sur ma pile à écouter. Pourquoi ? Bon, ok, d’abord parce que j’avais pas mal d’autres disques sortis avant à écouter et disséquer. Mais pas que. Et là on va parler de choses qui fâchent. C’est quoi cette pochette les gars ? Quand on produit un disque aussi profond et riche, on ne se contente pas de mettre un masque de calque sur une photo de répète ! C’est contre-productif ! Ceci dit, ça a un avantage pour le quidam qui s’y perdrait ; il ne peut en aucun cas s’attendre à ce dont il va jouir. Pour être tout à fait franc, les autres, pas vraiment non plus. Car Thomas Howard Memorial convoque tellement de styles, du post rock au rock indé, du feeling noisy à l’ambiant, de la pop au prog, de la musique de film à l’americana déglinguée, que chaque chanson (chaque minute ?) est différente de la précédente. L’ambiance générale est sombre : « Bonaventura » se partage entre mystère, mélancolie et noirceur. Bien sûr, certains titres instrumentaux auraient pu être écourtés si ce n’est évités. Le disque en serait plus digeste et concis. Mais ça reste un voyage assez passionnant, et une suite impressionnante et pleine de promesses, tenues et faites pour l’avenir !