
Il y a quelques années, on ne manquait pas de s’extasier (enfin, moi au moins) sur les dizaines de groupes de post black metal qui fleurissaient de partout. Aujourd’hui, la mouvance a muté, intégré autre chose. C’est autre chose, j’y ressens moins de folie, moins de génie, tout est un peu plus mécanique, plus calculé. Je n’ai pas eu l’occasion de découvrir le premier album des écossais d’Ashenspire sorti en 2017. Et à vrai dire, je suis un peu arrivé à celui-ci par hasard. Mais en lançant l’écoute, j’ai ressenti à nouveau l’excitation de pénétrer un monde inconnu, où n’importe quoi peut arriver. En regardant la pochette, je m’attends bien à un disque de metal. Pourtant, quand « The law of Asbestos » débute, je me dis que je vais avoir à un disque de neo jazz hybride, et j’en ai l’eau à la bouche. Et puis un riffing plus post metal débarque, avec un chant hystérique. Wow, je suis à fond. C’est un long titre, pas le plus simple d’écoute, mais très excitant. « Béton brut » dégaine plus franchement les influences black metal, avant de poursuivre vers autre chose, d’aussi brutal mais de façon plus psychologique. Le groupe inclut aussi du chant choral féminin, du violon et du saxophone. C’est assez classique pour le genre certes, mais exécuté de façon très intelligente. Derrière tout ça, il y a une critique de la société, de sa façon de faire passer des choix guidés pour de la liberté, de fermer les yeux sur l’exploitation des autres peuples pour son propre bien-être, de son hypocrisie en général. Tout ça est vraiment calibré « avant-garde », et tout ça aboutit à un disque d’une force herculéenne.