
Les groupes instrumentaux sont rares en territoire metal. Maudits fait partie des rares à avoir su tirer son épingle du jeu très tôt, proposant un post metal intégrant pas mal d’influences et d’expérimentations, avec quand même une coloration sombre et mélancolique, limite doom, qui à vrai dire me plaît beaucoup. Sur ce quatrième album, le groupe parisien poursuit sa route en toute logique, vers quelque chose d’encore plus structuré, pointilleux et riche. Pas mal de titres sont très cinématographiques, aussi grâce à la présence maintenant permanente d’un violoncelle, qui toutefois sait se faire discret par moments. « In situ » est né d’une volonté de produire quelque chose de plus libre, de plus instinctif, basé en partie sur des improvisations, et c’est assez drôle de constater que ce n’est pas du tout comme ça qu’il sonne. Au contraire, il sonne très écrit ; que voulez-vous, chassez le naturel… Ce qu’on ne manquera pas de remarquer aussi, ce sont les deux titres chantés de la galette. Mayline Gautié du groupe Lün vient prêter son timbre à la reprise magistrale du « Roads » de Portishead, certes assez proche de l’original mais assez différente pour qu’on y perçoive l’univers du groupe. Et le second laisse la voix à l’empreinte très marquée de l’Amiral (Erlen Meyer et Novembre) s’emparer d’un « Carré d’as » forcément tout en tension. Si vous ne connaissez pas ces deux groupes, d’ailleurs, il est encore temps de les découvrir par ici. Comme d’habitude avec le groupe, on a une alternance de titres très longs et plus courts, renforçant l’idée de voyage intérieurs, y créant des étapes, des arrêts pour contempler le chemin parcouru et celui restant à parcourir. Cités, ruines ou étendues sauvages, on y verra bien ce qu’on voudra : « In situ » ne dit pas où il va et encore moins pourquoi, il prend juste la route. Pour fuir quelque chose ? Rejoindre quelqu’un ? Ou simplement rester en mouvement dans un monde où tout va trop vite et où pourtant, paradoxalement, on fait sans cesse marche arrière ? En tout cas, cette dualité ombre et lumière est toujours bien présente ici, et la musique de Maudits amène inlassablement à l’introspection, en beauté et en subtilité.






