
Soul Jazz records n’est pas vraiment le genre de label dont je guette les sorties avec assiduité. Non pas qu’elles ne soient pas qualitatives, c’est juste une question d’affinités musicales. Alors je ne m’attendais pas à y voir débarquer un groupe comme Trees Speak, duo américain s’inspirant largement du kraut rock et du space rock de papa. On peut d’ailleurs se demander si le groupe y est vraiment à sa place, ou du moins s’il bénéficie de l’attention suffisante de la part de fans du genre en sortant de là. Mais bon, étant donné que le groupe sort ici son troisième album en à peu près un an, on suppose qu’il a déjà pesé le pour et le contre. Bref. « Posthuman » est un concept-album autour de l’intelligence artificielle et l’évolution, prétexte (puisque ça reste du tout instrumental) à développer un style très empreint de sonorités science-fiction, avec des nappes, effets et claviers dans tous les coins. Dans tous les coins oui, mais avec une place réduite. Loin d’être aussi bavard que ses modèles Harmonia, Can, Amon Düül et consorts, Trees Speak fait tenir ses idées en 16 titres et 40 minutes, ne boudant certes pas les explosions free d’un saxo ça et là, mais conservant le groove et la rigueur rythmique en ligne d’horizon. La force de « Posthuman », c’est de s’imposer non pas seulement aux oreilles sensibles au jazz rock, kraut et autres musiques semi-expérimentales, mais aussi aux amateurs d’atmosphères étranges et évocations sonores ; si on a pas les images, la musique de film n’est pour moi jamais loin. Les titres, bien qu’utilisant des sonorités, rythmiques et mélodies voisines, restent assez distincts pour ne pas craindre l’avance rapide. Et puis, leur courte durée permet également au groupe d’embrayer assez vite sur autre chose. Bref, si vous êtes disposés à un périple surréaliste instrumental dans l’espace, vous feriez bien de tendre l’oreille et laisser les arbres vous parler !