En 2018, je découvrais le projet solo de la norvégienne Sylvaine, alias Kathrine Shepard. Au sein de celui-ci, elle exprimait à la fois sa mélancolie, sa douceur, sa colère, ses rêves, peurs et espoirs, au travers de ce qu’il est convenu d’appeler aujourd’hui un blackgaze inspiré. De toute évidence, la dame n’a pas changé sa hache d’épaule pour ce nouvel album qui reprend les choses là où « Atoms aligned, coming undone » les avaient laissées, en allant un peu plus loin encore dans le rendu d’ambiances oniriques et l’hybridation post rock / rock atmosphérique / black metal / dark folk. Comme sur le précédent opus, c’est la chanson titre qui ouvre la marche. Un pari risqué, puisque, si le titre est magnifique et d’une sensibilité touchante, toute trace de rock, et à fortiori de metal, y est proscrite. C’est sur le second titre « Mono no aware » qu’on constate que le black n’a pas été gommé ; le titre commence de façon très virulente mais s’assagit en cours de route. « Nowhere, still somewhere » est lui dans la voie médiane, déployant un metal atmosphérique de haute tenue. La voix de Sylvaine emploie toujours des tonalités qui peuvent autant rappeler des vocalistes comme Liv Christine que des chanteuses plus versées dans la musique celtique. L’album semble être articulé autour de « Fortapt », peut-être le titre le plus emblématique de la musique de Sylvaine parmi cette collection, et certainement le plus complet et ambitieux aussi avec ses imbrications des différentes composantes de la musique du projet, et sa durée conséquente ; presque 12 minutes. La comparaison avec d’autres projets blackgaze est inévitable, et notamment avec l’autre gros projet féminin de la scène, Myrkur. Pourtant, elkle est vaine, puisque les deux artistes ne partagent pas vraiment la même conception de la musique, prennent des directions différentes. Peut-être Sylvaine est-elle plus destinée, en l’état, aux amateurs de black atmo prêts à une transition plus lente et progressive vers autre chose ? En tout cas, ce quatrième album ne pourra qu’éveiller l’admiration des amateurs de metal atmosphérique et rêveur, puisque, même s’il s’abreuve à des sources déjà découvertes et employées ailleurs, il le fait avec sincérité et cohérence. On pourrait peut-être juste regretter une imagerie un peu trop virginale et un réductrice, qui s’inscrit dans une « grande tradition metal », mais n’est pas forcément très émancipatrice. Mais ceci est un autre début ; côté musique, c’est largement validé !
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