
Snapped Ankles est l’héritier d’une lignée qu’un peu tout le monde a oublié. Pensez Devo et Kraftwerk, mais avec des éléments rave et electro plus modernes. Vous trouvez ça hasardeux de s’aventurer dans un tel style en 2025 ? Tu m’étonnes. Mais Snapped Ankles a commencé son voyage en 2011, et dans un pays où on peut tout oser ; l’Angleterre. Observons donc cette pochette ; elle reflète à la fois le côté tribal et urbain de l’album. « Pay the rent » installe le décor : on se situe pile poil entre accroche et expérimentation. Comprenez que si ça paraît tout de suite assez pointu et perché, le collectif n’oublie jamais que sans rythme on est rien, et l’installe immédiatement et durablement. Mais je lui préfère « Personal responsabilities » à qui je trouve quelques accointances rythmiques avec la techno indus. Ou mieux encore, « Raoul » et son gimmick unique. « Dancing in transit » continue sur la même lancée, et on peut déceler quelques redondances dans les sons utilisés ; c’est malheureusement le reproche que l’on peut faire à « Hard times furious dancing » de manière générale. « Where’s the caganer ? » et son début un peu plus ambiant changent la donne… avant de reprendre les choses tel qu’on les connaît. Et le « Closely observed » final évoque parfois un Tangerine Dream. Il y a dans cet album une certaine forme de transe, d’afro jazz, de post punk, de techno, une forme hybride à la fois à l’avant-garde et basée sur des expériences passées. Arrivé là, je me dis que c’est un disque de niche, qui a un peu tendance à se saboter, dont les qualités et les défauts ont du mal à s’équilibrer. Il reste vraiment cool dans son jusqu’au-boutisme, dans sa créativité débridée, dans son originalité et son anticonformisme. Et donc, son existence s’en trouve justifiée, et son écoute également.