
Je n’ai pas eu la chance de faire la connaissance de Noemi Buchi avant. La franco-suisse développe depuis quelques années un style qui doit autant à la musique électronique qu’à la musique contemporaine ou au neo classique. Elle apporte à sa musique des textures différentes, la sculpte avec des matières différentes, la fait cheminer entre deux mondes, comme une sorte de chimère. Oui, c’est ça, une chimère, qui prend des traits qui nous rappellent des choses qu’on connaît, avant de bifurquer pour de bon vers autre chose, d’y revenir, et ainsi de suite. Belle, étrange, tragique et parfois inquiétante, elle est aussi fascinante que dérangeante. L’accumulation de couches mélodiques et texturales nous donne l’impression d’avancer dans un labyrinthe à tâtons. Pas engageant ? Surtout pas évident. Mais l’évidence n’est-elle pas l’ennemi de l’art ? Et d’art, il en est évidemment question ici. Mais la recherche sonore peut également être plaisante, et moi, ce disque me plaît. Il coche assez de cases pour que j’aie envie d’y revenir à plusieurs reprises, d’en étudier les strates, d’en disséquer la volonté. Noemi Buchi signe ici une œuvre assez monumentale, difficilement classable mais qui parvient à faire la jonction entre plusieurs univers. Vertigineux !