JON HOPKINS : Ritual


Depuis une bonne vingtaine d’années, le britannique Jon Hopkins explore une electronica ambiant conceptuelle et expérimentale. Ce qui ne l’empêche jamais d’accepter de collaborer avec d’autres artistes ou de se laisser porter par des demandes particulières, comme ce fut d’ailleurs le cas ici. En effet, « Ritual » est un disque de commande, par un collectif d’artistes, scientifiques et philosophes qui souhaitaient qu’il compose pour la dreamachine de Brion Gysin. Qu’est-ce donc ? Une invention sous forme de cylindre rotatif, au travers duquel filtre des faisceaux de lumière qui, s’ils sont regardés les yeux fermés, provoquent des visions chez le spectateur. Oui, c’est un sacré concept. Mais le fait est que la musique ambiant psychédélique de Jon Hopkins sur ce « Ritual » qui, comme son nom l’indique, est prévu pour s’écouter d’une traite, ne peut que renforcer le pouvoir de la machine. Effectivement, on sent la lumière poindre progressivement sur les trois premières parties, avant que celle-ci ne prenne un autre chemin, s’enfuyant vers un espace infini. A partir de là, l’album se complexifie un peu rythmiquement parlant, les sonorités se font plus acides, la mélodie plus étouffante et volcanique, jusqu’à un climax accueillant la voix de Ishq sur « Part VI – solar goddess return ». Ce moment de tension passé, on atteint une sorte de plénitude (« Part VII – Dissolution ») avant d’assister à la renaissance progressive de quelque chose et s’éveiller à nouveau (« Part VIII – nothing is lost »). « Ritual » est un concept-album qui n’a pas besoin de texte pour déployer son pouvoir d’évocation, et je serais curieux d’expérimenter le package complet dreamachine + album. Etudié sous ce prisme, il est à n’en pas douter très réussi, même s’il reste assez différent de ce que les gens peuvent attendre de Jon Hopkins, travaillant plus ici sur l’ambiance que sur le rythme ; plutôt le travail d’un concepteur sonore que d’un compositeur. Mais l’artiste montre encore qu’il a le pouvoir et la volonté de s’installer dans tous les interstices de la musique électronique moderne, et qu’il y excelle quoi qu’il fasse !

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