Ça m’a pris comme ça la semaine dernière ; j’avais envie d’écouter du Furax Barbarossa. Si vous ne le connaissez pas, le monsieur, qui nous vient de Vesoul mais est originaire de Corse, est catalogué « rap conscient ». Mais la réalité est plus complexe. Furax est une plume, pas de doute là-dessus. Mais c’est une plume amère, glaciale et aiguisée comme un surin qu’il développe. Parfois, bien sûr, il parle de sujets clivants, avec plus de justesse que de provocation. Mais la provocation, l’égotrip et les récits noirs charbon, il a ça dans le sang, et la violence de ses mots est de plus toujours doublée par une agression vocale typique : le grand gaillard n’a pas que le nom d’un pirate, il en a aussi la scansion brutale et directe et le timbre éraillé. Furax Barbarossa, c’est une expérience, celle de la rue qui se conjugue à celle des lettres ; comme quoi on peut rimer efficace tout en gardant du sens, n’en déplaise à la horde de tâcherons qui envahissent le milieu dernièrement avec des textes aussi creux qu’obscènes. « Libérable » amène donc l’obscénité, mais pas que. Et il est atypique aussi, parce que ce n’est pas un album mais une mixtape ; entendez que vous n’aurez qu’un aperçu du talent du bonhomme, puisque l’objet est constitué de 18 pistes certes, mais dont seules trois (« Révérence », « Dragon » et « Gloire à la reine ») ont une durée classique de chanson. Et à elles seules, elles justifient l’acquisition du projet. Mention spéciale à R.E.D.K. vraiment bon en featuring sur « Dragon ». « Libérable » ouvre donc un chemin ; sorti de sa cage, Furax Barbarossa n’a plus qu’à souffler les braises sur son prochain album. On brûle de le découvrir !
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