
D’année en année, Fange continue de peaufiner un genre désormais très personnel, unique, oppressant et d’une noirceur abyssale. Le style du groupe, entre sludge et post industriel, opte depuis ses débuts pour un chant francophone, mais on en comprend vraiment le sens depuis « Privation » en 2023. « Purulence » vient donc enfoncer le clou à peine quelques mois après un « Perdition » qui m’avait fortement marqué, notamment grâce à sa reprise de « La haine », particulièrement réussie. Et c’est bien simple, les huit titres de ce nouvel opus ressemblent à s’y méprendre à ses ancêtres. Ils en partagent la propension à se mettre en scène pour décupler leur impact, en amplifiant les nuances entre les sonorités industrielles, l’emphase de la voix, la puissance et le caractère implacable des riffs. Froids et haineux, les sept titres ont l’avantage de leur inconvénient principal ; si on connaît le groupe, on sait où on met les pieds et on éprouvera donc aucune surprise concernant leur contenu. Si on a déjà accroché, on aimera tout autant « Purulence » que les plus récents albums de la discographie du groupe, et en particulier les puissantes « Mortes promesses » et « Langues fourchues ». Si ce n’est pas le cas… autant passer votre chemin de suite. Fange ne semble pas décidé à faire évoluer son univers, il est parvenu à un palier qu’il lui semble difficile ou inutile de passer. Pour ma part, je ne lui en veux pas vraiment parce que je pense qu’il a trouvé un équilibre entre une forme d’une violence crue et une clarté du son qui permet de profiter des paroles et de la musique de façon optimale. Mais c’est un fait, Fange est en terrain boueux.