BETH GIBBONS : Lives outgrown

Portishead fini, on s’attendait à ce que ses membres foisonnent de projets, qu’ils prennent un envol décisif. Bien sûr, Beth Gibbons nous a gratifiés d’une jolie collaboration avec Rustin Mann, mais après ça, elle s’est faite plus que rare, limitant ses apparitions à quelques featurings triés sur le volet. Alors ce disque que je n’avais pas vu venir est une très bonne nouvelle à mon sens. Et j’avoue ne pas m’imaginer une seconde pouvoir être déçu. Et vous savez quoi ? « Lives outgrown » est encore meilleur que ça. Le temps du trip-hop est révolu, bien sûr, et de toute façon Beth n’a jamais été le savant fou derrière Portishead. Mais elle en était la voix, et y apportait sa façon si particulière de tracter un spleen qui tutoyait le désespoir. Et bien sa voix n’a pas pris une ride, trente ans après « Dummy ». La musique, ici, est bien plus folk, mais tout aussi sombre malgré quelques sursauts. L’album est constitué de chansons collectées au cours des dix années qui viennent de s’écouler, mais on jurerait qu’elles datent toutes de la même époque. On pourrait regretter le temps perdu par Beth Gibbons, par sa trop longue absence, mais « Lives outgrown » est tellement fantastique qu’il faut le dire ; pas une seconde n’a été perdue. Il faut juste du temps pour faire naître de telles émotions. Et ces émotions, justement, sont nées du temps qui passe et de son inexorable effet dévastateur sur tout ce et tous ceux qui nous entourent. Beth Gibbons voit son monde changer, ses amis disparaître, et le retranscrit à la manière qu’elle connaît, qu’elle maîtrise ; au travers de superbes mélopées qui viennent attraper votre âme. Pourtant, j’avoue qu’en y regardant mieux, l’équilibre de « Tell me who you are today » me parait un peu précaire, « Lost changes » pourrait être plus franche, et qu’on détecte deux ou trois choses plus fragiles. Reste que ça passe sans problème, drapé dans une ambiance qui tient beaucoup de l’aura de son auteur.

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Paroles de l’album

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