
Dans la voix de Reid Bateh, dans sa musique, il y a quelque chose qui me fascine depuis des années. Une rudesse, une noirceur, un désespoir qui vous prend aux tripes tant il s’exprime de façon pure et désarmante. Sur le disque précédent, le groupe de Brooklyn avait mis un peu d’eau dans son vin, accueillant notamment une voix féminine (sur la splendide « Mythic love ») : une voie qu’il semble décidé à suivre sur ce cinquième album. Certes, on y retrouve certaines des sonorités et des tics déjà connus, mais également une tentative de pervertir des sonorités plus pop. Et je vous avoue que cette tentative, qui se perçoit bien dès le single « Letters from Sing Sing », est mal passée au départ. Et puis, le travail de sape finit par payer. Pour celui-ci. Par contre, l’espèce d’automatisation de la présence d’une voix féminine, c’est autre chose. Je trouve que ça casse la tension des titres, et de l’album en général. De fait, non, je ne trouve malheureusement pas que « Bithmarks » soit le meilleur album du groupe. Je ne dis pas non plus que c’est un naufrage. Parce que l’ADN du groupe y a toujours droit de cité, en particulier vers la deuxième moitié du disque, encore plus vers la fin. Et que finalement, « Hiss », « Letters from Sing Sing », « Pray to me », « Because you asked » et « Loretta » ne sont pas désagréables du tout. Bien sûr, ce n’est pas tout à fait ce que j’attendais, mais Bambara est une créature incontrôlable… Et sa musique conserve une force qu’on ne retrouvera pas ailleurs.