Structures est un duo d’Amiens aux goûts variés en matière de musique. Ce premier album montre un amour pour l’electro pop, le rock industriel et la cold wave. « A place for my hate » met tout ça dans un shaker et… Oui, c’est vrai qu’on a parfois l’impression que c’est un peu chaotique, que le groupe part dans tous les sens. Mais ça reste assez grisant aussi de voir à quel point Structures peut changer de forme sans s’épuiser. « Attitude » revêt un costume presque Marilyn Manson, « « Mod3rn » sonne Depeche Mode, « Best friend » comporte des passages qui pourraient même évoquer un Sisters Of Mercy… Bien sûr, le gros de la chose est constitué de lignes de basses sèches, de riffs aux contours industriels, de lignes de chant nerveuses. C’est certain, « A place for my hate » a bien plus l’allure d’un défouloir que « Long life » qui, sorti en 2018, avait tout de l’héritage d’années d’adoration pour les héros de la synth pop. Il faut dire qu’entre les deux, le groupe s’en est un peu pris plein la gueule, et a décidé de s’émanciper de certains membres, passant de quatuor à duo. Qu’il a aussi, après de grosses déceptions, nourri une rancoeur certaine qui explose donc sur « A place for my hate ». Et qu’il a choisi de s’éloigner d’une scène, d’un mode de fonctionnement figé, pour être plus libre (il y a même un titre de presque 8 minutes). Tout ça s’entend ici. Mais il y a aussi ce goût plus développé pour un son plus recherché, pour une musique plus produite. L’album sonne d’ailleurs très bien, le côté brut de certains morceaux est habilement contrebalancé par des effets et un aplanissement des angles saillants qui font que si on est bousculé, on ne risque jamais vraiment de se blesser. Un équilibre précaire mais bien présent qui fait de ce vrai premier album pensé comme tel (même si Structures avait envisagé de le sortir en deux ep séparés) un passage obligé pour les fans de rock indé moderne, aux pointes indus, cold wave et post punk. Le groupe s’est réinventé sans pour autant réinventer un genre dont on décèle la filiation assez facilement, mais signe un album agréable et frais.
