
Hekla est une musicienne qui nous vient d’Islande et joue du théremin. Alors oui, on pourrait s’attendre à un disque de neo classique ou world music un peu aride ici. Il n’en est rien. Oh, bien sur, on peut quand même le trouver aride, ce « Turnar » qui prend le nom du château français dans lequel il a été enregistré. Mais ce troisième album est surtout assez lugubre. Puisque mon taf est de le qualifier, je le rapprocherai plutôt du dark ambiant. Un dark ambiant très cinématographique, accueillant également des effets électroniques assez discrets. Le son typique du theremin amène aux titres une impression de présence fantômatique qui, forcément, cadre très bien avec l’ambiance générale. Alors quand en plus une véritable voix s’y mène (« Var »), on confine au surnaturel. Les vibrations écrasantes envoient des ondes telluriques qui percent un peu plus le voile entre réalité et cauchemar. Les autres instruments (orgues, violoncelle, percussions) et la production (qui joue avec la distorsion et la clarté des sons) viennent en appui, renforçant les ambiances glaçantes de « Turnar ». Impossible de ne pas imaginer l’album comme l’incarnation parfaite d’un film de genre ; je ne sais pas ce que la musicienne a voulu exprimer, mais sans son éclairage, ce qu’on ressent c’est une angoisse profonde, un sentiment d’insécurité constant. Ce qui en fait, paradoxalement, une expérience souvent plus riche qu’un album de dark ambiant.