Allez, je vous mets au défi de lancer « A mon seul désir », l’intro de ce premier album des françaises de Grandma’s Ashes, et de me donner le style dans lequel le groupe évolue sans vous tromper. Parce qu’en enchaînant sur « Cold touch », vous allez avoir un choc. Car c’est un bon gros riff rock / stoner qui habille ce titre au final plutôt indie rock, là où l’intro pouvait être décrite comme une pièce neo folk vocale tendance celtique. Qui sera le plus surpris d’ailleurs ? Ceux qui ont suivi le groupe depuis ses débuts et s’attendaient à trouver un bon gros grunge / stoner ou les autres, qui ne s’attendaient à rien de particulier et découvriront un groupe ambitieux et ouvert ? Il faut dire que, peut-être contrairement à ce que les filles ont déployé dans un premier temps, la musique de Grandma’s Ashes se nourrit de pas mal de choses en rayon rock : progressif, indie, stoner, grunge, pop, alternatif, psychédélique… Et tout ça en un album, ça donne quoi ? Quelque chose de complexe, qui s’avère moins immédiat que sur le premier « vrai » titre, et plein de subtilités. Trop ? C’est un peu le sentiment qu’on a ici. Oui, les chansons sont bonnes. Oui, le groupe a réussi à transmettre son amour pour des choses plus pondérées, écrites, à lectures multiples. Mais les titres manquent un peu de spontanéité, le trio semblant reculer quand elles tiennent quelque chose de trop immédiat et qui pourrait se transformer en exutoire. On peut, c’est certain, le prendre comme un choix : après tout, « This too shall pass » est une métaphore de l’adolescence, et cette valse-hésitation est assez représentative du passage de l’enfance à l’âge adulte. Mais quand même, ça reste frustrant de sentir qu’elles savent le faire, mais qu’elles ne se l’autorisent pas complètement. Bah, c’est un premier album, la suite nous dira vers quoi évoluera le groupe, et s’il déploiera des ailes ou des mandibules !
