
Coupez la cime d’un arbre, et vous en apercevrez une centaine d’autres ; le monde de la musique aujourd’hui, c’est un peu ça. Caleb Caudle, c’est un monsieur qui s’illustre depuis quelques années dans une americana / folk qui flirte parfois avec le rock et des ambiances plus maussades. Il est parfois comparé à Jason Isbell, et c’est plutôt bien vu ; si la musique des deux reste assez éloignée structurellement, ils partagent des influences et une dynamique communes. Cependant, « Sweet critters » est clairement bien plus roots et couleur locale que n’importe quel album d’Isbell. On y ressent bien plus la patte blues et hillbilly, et bien moins le côté pop / rock à l’européenne. C’est un choix, celui probablement qui le maintient loin de nos ondes. Je dois bien avouer également que pour moi qui suis attaché au côté rock ou à la country gothique, parfois les douze titres de ce disque se montrent trop sages et trop respectueux de ce qu’on est habitués à entendre de l’autre côté de l’atlantique. Mais en même temps, si je voulais trouver un représentant typique de ce genre de musique, produisant des titres parfaitement calibrés qui vous transportent immédiatement au pays des cowboys, dans l’amérique profonde qu’on se plaît à imaginer ici, je ne pourrais choisir meilleur candidat. En fait, il faut juste se mettre dans les bonnes conditions avant de se lancer à l’assaut de ce disque. Lorsqu’on est prêt à découvrir des titres relatant des combats intérieurs et des injonctions à croire au tout-puissant, le tout sous une forme chargée de groove, de blues et de soul, alors on sait apprécier ce disque à sa juste valeur. Je ne suis que rarement dans ce mood, alors je ne sais pas si j’y retournerais, mais « Sweet critters » reste un disque de qualité.