En 1999, lorsque Moby a opéré une mutation décisive de sa musique en y intégrant des chants blues, le monde de la musique a vacillé, pour le meilleur. En 2016, il en sera peut-être de même pour le monde du metal avec Zeal & Ardor. Le groupe, en fait un one-man band, est parti du postulat suivant ; et si les esclaves des chants de coton avaient décidé, plutôt que de prier le seigneur, d’en appeler aux forces obscures pour se libérer de leur condition ? Nous voici donc aux prises avec une musique entre gospel, blues et metal extrême. Un style bien souvent déstabilisant, même si Manuel Gagneux, l’homme derrière le projet, aurait pu aller bien plus loin dans l’hybridation ; espérons d’ailleurs que ce soit pour bientôt. Des éléments electro, un côté assez expérimental viennent compléter le tableau. « Devil is fine » est une hydre à plusieurs têtes, peut-être trop d’ailleurs pour pouvoir trouver facilement son public. Mais pourtant, qu’un titre comme « Come on down » est passionnant ! L’album souffre d’un manque de liant et surtout d’une durée beaucoup trop courte, mais s’avère tout de même splendide et très intelligent, malgré son côté « savant fou » très prononcé. Ce disque n’est pas le chef d’oeuvre qu’il aurait pu être, mais le fait qu’il laisse aux suivants une marge de progression importante nous laisse pleins d’espoir pour le futur de Zeal & Ardor !
Zeal & Ardor : Devil is fine