Avant de devenir un truc ronflant et de me décevoir en cascade, Tiamat a été un grand groupe, un phare dans la nuit du doom metal créatif et génial. Je vous l’ai un peu fait à l’envers dans ces pages, en vous présentant la suite flamboyante (« A deeper kind of slumber ») avant ce « Wildhoney », certes beaucoup plus ancré dans le metal, mais non moins exceptionnel. Dans celui-ci, Johan Edlund, maître incontesté du vaisseau (même si un certain Waldemar Sorychta a certainement bien du aiguiller celui-ci vers l’acceptation et l’utilisation de ses influences plus prog rock) n’hésite pas à explorer, à oser des associations, à briser les murs du death metal dans lequel il officiait jusqu’alors pour s’ouvrir sur un monde tellement plus vaste… « Wildhoney » est un concept-album sans en être un ; à la lecture des paroles, on ne perçoit pas vraiment la logique, le lien. Par contre, musicalement, tout s’imbrique parfaitement. « Wildhoney » entame les choses avec des samples bucoliques très inhabituels, et on enchaîne avec « Whatever that hurts », l’un des meilleurs titres (le meilleur ?) de la carrière des suédois. « The AR » est son jumeau, faisant évoluer sa mélodie vers quelque chose de plus enlevé. « 25th floor » est un intermède instrumental et indus qui nous accompagne jusqu’à « Gaïa », magnifique chanson entre rock gothique et prog. « Visionnaire » voit Johan réutiliser un chant rauque, sur un titre qui s’y prête tout à fait même s’il n’a rien de death ou presque ; on pense ici fortement au Paradise Lost d’« Icon ». « Kaleidoscope », dans son extrême simplicité, est pour moi une belle réussite ; pas besoin de plus pour installer une atmosphère terriblement mélancolique. Et puis, aussi, je sais bien que c’est le prélude à « Do you dream of me ? », magnifique ballade glacée, grand moment du disque. Avec « Planets », on est vraiment ailleurs. Et enfin, « A pocket size sun » clôture la séance, avec selon moi le titre le plus faible du lot, ballade un peu fade où le chanteur est accompagné par la voix rêveuse de Birgit Zacher, qui fera quelques apparitions dans d’autres disques de metal avant de sombrer dans l’anonymat. Un (semi) faux pas qu’on apprécie de voir relégué en fin de parcours, et qui n’empêche aucunement d’être éberlué par les qualités du disque, qui n’a pas été l’une des plus grosses ventes du label pendant des années pour rien… Chef d’oeuvre !
by Dyvvlad