
C’est ce qu’on appelle du teasing ; le titre « Stay », qui clôture ce septième album de la légende anglaise Tears For Fears, est sortie il y a cinq ans, sur la compilation « Rule the world ». Bon, ok, je suis un tout petit peu de mauvaise foi : à l’époque, je ne pense pas que la volonté de produire un nouvel album était bien implantée. Mais quand même, pour les fans, quelle attente insurmontable ! Alors la question qui brûle forcément les lèvres est ; les espoirs nés de cette attente de près de dix-huit ans entre « The tipping point » et « Every loves a happy ending » (2004) vont-ils être satisfaits ou douchés ? Ce disque est inespéré à plusieurs titres. Avant de s’installer face à face et composer de nouveaux titres ensemble, Roland Orzabal et Curt Smith ont essayé de faire appel à des compositeurs extérieurs, un peu en vogue, pour se remettre en selle efficacement. Peine perdue ; ils se sont vite rendu compte que ça ne collait pas, que ça ne connaît pas Tears For Fears. Le groupe a toujours fonctionné sur l’alchimie de ces deux-là. « No small thing » démarre en mode simple, presque dépouillé, façon folk pop. Bien sûr, en clin d’oeil, on retrouve quelques sonorités déjà utilisées sur les précédents disques et titres phares. Et puis le morceau-titre débarque, et là on se dit : « Ah oui, ça valait le coup ». Et que le temps n’épargne personne, mais ça, c’est autre chose. Ce qu’on remarque aussi, c’est une répartition des parties vocales plus équilibrée. Pour moi qui suis plus sensible à l’organe d’Orzabal et ses envolées héroïques, j’avoue que certains titres ont un goût de légèreté. Cependant, même sur les titres les plus poppy, Tears For Fears garde cette classe, cette universalité et ce talent pour mettre en valeur ses mélodies. Et sur d’autres comme le précité, « Master plan » ou « My demons », on retrouve le génie dont le groupe était capable à son apogée. Le bilan de ce retour est donc assez positif. J’aurais bien sûr aimé que le groupe y soit un peu plus incisif, mais n’étant pas un fan ultime, je ne peux baser mes souhaits sur une petite partie de la carrière du duo, et celui-ci a plutôt bien négocié ce tournant !