
Qu’on soit fan ou pas, objectivement, Queensrÿche était l’une des plus belles réussites du hard / heavy prog des années 80/90, et a offert au monde de purs moments de génie. Un groupe, c’est un tout, une alchimie rendue possible par l’énergie, la créativité et la bonne volonté de chacun de ses membres, et à ce titre, Geoff Tate, l’ex vocaliste de la bande, n’a certainement pas démérité. Sweet Oblivion est sa nouvelle formation, et la sortie de « Relentless » va me permettre de reprendre contact avec cette voix puissante et sensible, et voir si nos routes peuvent encore converger à l’avenir. Croisé avant la sortie, le premier single « Strong pressure » me met sur la voie d’un heavy progressif sans grande surprise mais fidèle à ce qu’on peut en attendre. Une entrée en matière qui tient ses promesses, et est synonyme de petit bonbon sucré à venir. Il est à présent temps de voir si le reste tient ses promesses tacites. « Once again one sin », ouvre la voie par une intro très « Operation mindcrime ». On sait très bien qu’on est pas revenu à la maison-mère, mais c’est assez bluffant de ressemblance. Bon, le titre manque un peu de lyrisme à mon goût, mais reste bon. « Strong pressure » arrive, avec cette couleur orchestrale assumée, et cette ligne vocale impeccable bien que toujours un peu trop timorée pour moi. Oui, je sais bien que Geoff n’a plus trente ans, mais moi, dans ma tête, je suis toujours ce gamin soufflé par ses performances exceptionnelles. « Let it be » n’est pas la reprise de, mais bien un nouveau titre heavy prog dans la lignée d’un « Empire ». D’ailleurs, globalement, ce traquenard (car c’en est bien un, orchestré par le label pour permettre à Tate de s’exprimer au sein du genre qui l’a fait connaître et aimer) se situe dans la même veine. Les musiciens sont talentueux, les compositions très classiques mais respectent à la lettre un cahier des charge précis et efficace, Geoff maîtrise encore son organe (et sur « Remember me » il pousse enfin sa voix), bref de quoi se plaint-on ? Peut-être manque-t-il un grain de folie, c’est sûr : n’est pas Chris DeGarmo qui veut. Sweet Oblivion reste un ersatz, un second choix, mais on ne peut pas lui enlever : il fait ça non pas très bien, mais à la perfection. Bien sûr, le style est plus « européen » que du Queensrÿche pur jus, plus pompier et aiguisé. Mais la surprise vient surtout ici de l’interprétation en italien de « Aria », qui n’apporte malheureusement pas grand-chose (mais la majorité du line-up est italienne, ceci explique cela). « Relentless » est donc un excellent choix pour les nostalgiques, et les fans de heavy prog en général. Maintenant, si vous me demandez si ça tient la comparaison avec les meilleurs disques de Queensrÿche, je vous conseillerai plutôt de vous y replonger. Mais oui, c’est très bien fait.