Du groove et des machines. C’est possible, on le sait, mais pas évident. L’irlandais Simon Hayes, lui, semble persuadé du contraire. C’est du moins ce qu’on peut légitimement supposer à l’écoute de ce deuxième album de son très personnel projet Swarn Intelligence. On y trouve des stridences, des rouages, des crissements, des mécanismes, un poil de mélodie et une froideur et une rugosité qui fait froid dans le dos. Oui, « Rust » fait peur. Simon Hayes est tout désigné pour bâtir une très bonne bande originale de film d’horreur, qu’il soit post apocalyptique ou simplement bien vicieux. Amis, entrez ici en abandonnant tout espoir. Si certains refrains évoquent le doom (« Low power line » par exemple), Swarm Intelligence n’a pas forcément besoin de tels artifices pour arriver à ses fins. Sa matière première est déjà vierge de toute compassion, et son auteur ne fait preuve d’aucun humour ou fantaisie dans la composition et la restitution de ces dix pistes. Est-ce cela qui rend « Rust » encore plus hypnotique et fascinant ? Je ne saurais le dire. Mais il est vrai que ces hymnes au rythme robotique embrigadent autant qu’ils agressent, et vrillent si insidieusement le cerveau que celui-ci abandonne rapidement toute résistance et obtempère. Vous l’aurez compris, ce disque n’est pas à mettre entre toutes les oreilles. Son écoute amplifie les sentiments de solitude et de paranoïa, et les esprits étriqués n’y verront que du bruit. Mais d’autres y verront une beauté malsaine, une recherche harmonique dans la violence sonique. Inutile de vous dire que je me situe dans la deuxième catégorie…