« Pronoia », premier titre de ce premier album du trio d’Olympia, Washington, pose une question qui pourrait être au centre de cette critique ; doit-on avoir honte de ses influences ? Doit-on les occulter ? Et celui qui les reçoit forcément en pleine tronche à l’écoute de ce titre doit-il les passer sous silence ? Car oui, et c’est revendiqué, au moins par le label du combo, « Subjective concepts » sent le Nirvana à plein nez. Pour être plus précis, celui qui fait la jonction entre « Bleach » et « Nevermind », cette époque où le combo est trop jeune pour faire taire sa furie et sa hargne, et assez assuré pour la canaliser en chansons qui fonctionnent vraiment bien. Mais ne vous y trompez pas ; il ne s’agit en aucun cas de plagiat. Strange Wilds est une autre forme d’évolution d’un matériau de base, et possédant les mêmes origines musicales ; le punk hardcore, le noise rock, le rock alternatif. On pourrait aussi parfois penser à un Green River. Il y a ici tout ce qui a fait naître le grunge, à l’état de pousse sauvage et malade. Sub Pop a du nez, on le sait, et encore une fois il le prouve en signant cet excellent combo qui à la fois passionnera la frange punk du rock, les vrais, les indés et autres diy, mais aussi ceux qui ont vécu l’explosion Nirvana de l’intérieur, et les quelques curieux qui traînent par ici et ont envie de s’en prendre plein les tympans, d’écouter un objet authentique, brut, sans compromis. Peu importe lequel vous êtes ; lancez la lecture et profitez !
Strange Wilds : Pronoïa