
Duo londonien ayant connu des hauts (un début de carrière auréolé de succès sous l’égide Sub Pop) et des bas (une suite qui ne tient pas forcément ses promesse, un passage par l’autoproduction), Still Corners nous revient aujourd’hui pour faire la paix avec ses origines et son public. A savoir le Texas pour Greg Hughes, et donc une certaine forme d’americana – folk qui, mêlée aux influences pop et au spleen londonien, leur ville de rattachement, aboutit à un style assez classique mais hanté par les grands espaces. Le groupe met d’ailleurs les choses au clair dès son premier single portant le titre de l’album, et dans lequel sa voix Tessa Murray nous balade sur une route désertique. Même les sonorités nous ramènent à des ambiances western, même si Still Corners y ajoute des effets, claviers et rythmes plus modernes, héritage de leurs années dream pop. Le tout me rappelle une Suzanne Santo, une Miranda Lee Richards, une Juanita Stein. Vous voyez l’ambiance ? Alors si vous appréciez ces artistes, aucune raison que vous n’accrochiez pas à Still Corners, qui manie avec autant de délicatesse et de coolitude les mêmes éléments. Bien sûr, certains titres sont moins réussis, les quelques touches de claviers arrivant parfois comme un chien dans un jeu de quilles (c’est flagrant sur « Crying », qui tranche d’entrée), mais l’ensemble est un road trip vraiment dépaysant pour ceux qui apprécient le souffle du vent de Santa Ana sur l’asphalte, la sensation d’écouter de la pop de chambre en plein désert, se laisser porter par la douceur et la chaleur des notes et des voix. Ici ce n’est clairement pas la destination qui compte, mais le voyage !