
Des albums rock qui débarquent par surprise et vous chamboulent votre journée, il faut dire ce qui est, ça n’arrive pas tous les mois. Smiling est un quatuor californien qui vient de sortir son premier album sur le label Rebel Waves. Comme souvent en ce moment, on trouvera un peu de shoegaze ici, mâtiné d’une bonne pincée de psychédélisme. Mais pour l’équilibre, Annie Shaw et sa bande ont ajouté de la powerpop, du grunge et de l’indie rock nineties. Du coup ça a une autre tronche que celle du voisin, et là, ça devient intéressant. « Devour » est le premier album du groupe, mais celui-ci est né en 2015 (sous un autre nom, ok, mais toujours avec la même optique et la même compositrice) ; les chansons ont donc eu le temps de décanter et ça explique leur qualité et leur efficacité aujourd’hui. Le disque conserve une certaine unité même s’il compile des éléments venus d’univers différents, avec même parfois de la wah-wah, des cordes… Il faut dire aussi qu’Annie est une touche-à-tout qui sévit dans trois autres formations au style résolument différent (electro-pop avec Thirst, dream pop avec Premium Destiny et pop acoustique avec Book Of Eyes), donc elle sait changer de personnalité musicale à la manière d’un caméléon. En dix titres assez tassés (39 minutes en tout), elle nous prouve en tout cas qu’elle maîtrise à la fois l’urgence (c’est bien rock n’ roll tout ça, même sur les titres plus lents) et l’écriture (ça reste extrêmement mélodique, et ça comporte de chouettes arrangements parfois). Bon, bien sûr, il y a un peu de redite parfois, ça reste un premier album, et je trouve que ça s’essouffle un peu sur la fin, alors qu’on aurait aimé un dernier coup d’éclat avant la fin. Mais ça reste une très bonne surprise.