
Avec 10 titres expédiés en 29 minutes, on comprendra aisément que les ricains de Sharptooth ne font pas dans la dentelle. J’aurais pu employer la formule « ils ne sont pas là pour rigoler ». Mais quand on voit le second degré dont ils font preuve sur « Say nothing (in the absence of content) », parodiant ouvertement les chanteuses populaires véhiculant les clichés sur la féminité, on voit les choses différemment. Sharptooth n’est pas n’importe quel groupe metalcore. Il est mené par une fille. On s’en fout ? Sur le plan musical, oui, évidemment on s’en fout. Mais dès le premier album du combo, Lauren Kashan ne s’est pas contenté de beugler des attaques en règle contre la société derrière son micro. Engagée sans jouer la pasionaria, elle milite pour la place et les droits des femmes dans la société, tout en s’intéressant à d’autres sujets de société. Bien sûr, l’expression bien brutale de Sharptooth vous obligera peut-être à lire les paroles à part pour vous convaincre de la justesse de ses propos. Ce qui permettra à ceux qui ne viennent chercher ici (même si je trouve ça dommage) uniquement que le frisson masochiste d’un passage à tabac musical de ne pas se sentir agressés par un trop-plein de sens. Bon, il faudra pour ça esquiver les lyric videos aussi, se boucher les oreilles lors des quelques passages en voix claire (rassurez-vous les bourrins, très peu nombreux!), mais c’est possible. Et sinon il dit quoi cet album ? Il est truffé de changements de rythmes et d’ambiances, pourtant il conserve une unité certaine, toute en violence pas très contenue. Bon, de mon côté, j’aime bien les choses un peu plus chargées de mélodies, ou aussi brutes mais moins épileptiques. Mais je ne peux nier la qualité des titres de ce court brûlot. C’est juste un disque que je ne prendrais pas forcément plaisir à écouter tous les jours.