Je sais, je sais, on ne juge pas un livre à sa couverture. Et pourtant, en regardant celle de ce premier album du trio américain, on sait qu’on ne se situera pas dans un univers policé et facile. Pas la gueule du tout-venant, ce « Taking time », plutôt celui du disque indé, à forte connotation noisy pop. Lourde erreur. Oh, attendez, ne fuyez pas ! Oui, ce premier Reservations ne peut pas être qualifié de mainstream. Pour autant, et tout statut indé qu’il puisse revendiquer, il est tout aussi éloigné de la noisy pop. On se situe clairement en territoire pop indé mélancolique. Un genre peu original mais qui peut faire des miracles sur moi quand il est bien pensé, construit et interprété. Certes, ça fait beaucoup d’exigences. Mais c’est à ce prix que l’équation fonctionne. Et heureusement, Jana Horn, qui a composé ces chansons lorsqu’elle avait 19 ans, semble avoir la bosse des maths. Ce disque a, je pourrais tourner autour du pot pendant des heures, essayer de minimiser ses qualités, quelque chose de sublime. Entre un Buffseeds et une Laura Veirs des jours sombres, « Taking time » bénéficie d’un son ample mis au profit de titres intimistes et sensibles. Et si quelques chansons sont un peu plus dispensables, l’ensemble est tout de même excellent, assez pour justifier une adhésion immédiate et inconditionnelle.