
Attention rattrapage. Cet album des allemands de Pigeon est sorti le 11 juin 2021 et je ne le découvre que maintenant. Et en plus il éclot dans un univers largement surpeuplé, le post punk rétro. Si on veut trouver une sortie plus récente dans le genre, il n’y a qu’à se baisser un peu. En plus, il est court, trop court ce disque ; 10 titres, 31 minutes et 23 secondes. Pourtant, je m’obstine. Parce que dès le départ, c’est le genre de productions qui vous agrippe et ne vous lâche plus. Il y a dans chaque note une froideur et une urgence qui sonne bien plus punk anglais qu’oktoberfest. Trop diront certain(e)s ? Peut-être… C’est certain que Pigeon ne brille pas forcément par sa revisite du genre ; il en applique stricto sensu les méthodes, en calque les ambiances, joue sur les mêmes tableaux. Je n’ai pas écouté le premier opus du groupe, qui apparemment était plus bordélique et noisy. Il en subsiste quelques petites traces ici, mais pas tellement : le trio a apparemment sorti les cisailles pour s’assurer un impact maximal. On ne lui en voudra pas (en tout cas moi), ou au pire pas longtemps pour les autres, parce que ce qu’il a du perdre en personnalité, il l’a gagné en pertinence. Je ne vais pas vous dire que chaque titre est un immanquable, mais l’ensemble produit son petit effet, et on est pas contre s’en prendre une deuxième pinte quand la première est vide. Ce qui est marquant ici, c’est la rage chevillée au corps du combo. Même sur les titres les plus calmes, on ressent la tension qui les parcourt. Mélange instable, constamment au bord de l’explosion, Pigeon est un bonbon très acidulé qui nous rappelle que la musique des eighties, c’est pas forcément la new wave. Un piaf hitchcockien bref, aux griffes aussi acérées qu’un rasoir, et qui vous chie sur la gueule dès qu’il en a l’occasion !