
Des fois, les effets du changement de taf se font sentir encore des mois après. Tenez, prenez ce « Hunt », premier album des bristoliens de Naut. Et ben il y a encore quelques mois, si je l’avais eu entre les mains professionnellement parlant, je me serais dit « mais bordel, où je vais bien pouvoir caser ça ? ». Tandis que là, j’ai juste à vous décrire la chose, et c’est quand même plus simple. Naut se nourrit de post punk et de cold wave. Mais il définit son style comme « dark post punk ». Ça veut dire quoi ça les gars ? Non, parce qu’on ne peut pas dire que les deux genres suscités incitent à se mettre des plumes de faisan doré dans le derrière et aller faire carnaval non plus… Ah oui, je vois, vous aimez les guitares tranchantes et les sonorités à la limite du rock gothique et du metal, et les voix un peu beaucoup chargées en testostérone, entre le chant et le scream, façon Sisters Of Mercy première période. Mais vous n’oubliez pas pour autant les claviers typés eighties, la dramaturgie et les ambiances glacées typique du / des genres, c’est bien. Alors oui, on reste en terrain connu ici, si on connaît ses classiques, Naut n’en propose « que » une réinterprétation plus musclée. Ce qui aboutit à plusieurs très bons titres comme « Damoclès » (et son clip un peu too much), « 8 in 3 », « All the days » et à un degré moindre « Watchers ». Naut n’a pas inventé un nouveau genre, mais l’a peut-être fait évoluer. Bien sûr, on pourra lui reprocher sur ce début une trop grande constance dans l’interprétation, mais c’est ce qui peut aussi faire son charme. En tout cas « Hunt » fonctionne bien et installe Naut comme une formation à pister, en espérant qu’elle parvienne à se renouveler sans trahir ce positionnement particulier.