
Miseration est (désormais) un duo suédois qui compte dans ses rangs le vocaliste de Scar Symmetry Christian Alvestam et le guitariste de Crimson Moonlight Jani Stefanovic. Et comme on peut s’en douter si on a déjà croisé la route de ces groupes, Miseration pratique un genre hybride et moins caricatural que le « death metal » qu’on lui accole. Du moins sur ce disque, qui est le premier que je suis amené à jauger. Du death metal, oui, il y en a, c’est certain. Mais on peut croiser dans ce « Black miracles and dark wonders » du metal symphonique, du heavy metal, du post metal, du metal progressif, et même une pointe de black… Soit un mélange bien plus complexe et riche que prévu. Pour autant, Miseration n’est pas à considérer comme une formation avant-gardiste. Tous les éléments qu’il réagence vous sont déjà connus, il réexploite des structures ayant fait leurs preuves, emploie des sonorités plutôt en vogue. Les titres sont structurés autour de riffs au tempo soutenu autour desquels sont articulés des passages plus lourds, d’autres plus prog avec voix claires, d’autres enfins combinant plusieurs ambiances. De fait, ce disque partage habilement les ambiances, conférant une certaine diversité aux titres tout en prenant soin de rester toujours mélodique. Attention donc de ne pas vous laisser abuser par le début assez tonitruant de « The seal of the eight-pointed star » ; Miseration bifurque vite vers autre chose, ou en tout cas quelque chose de plus nuancé. Ce quatrième album, qui marque un retour aux affaires du groupe après dix ans d’absence, n’a pas l’air d’un retour aux sources ; trop moderne. Mais il n’a pas non plus l’air d’être une révolution ; il a l’air de s ‘appuyer sur des acquis solides, confortés avec le temps. En tout cas, c’est un bon disque, qui fait honneur à ses auteurs. Ce qui ne signifie pas qu’il soit parfait pour autant. A force de vouloir, justement, bâtir des pièces aux ambiances assez mouvantes, il perd parfois un peu la notion de chansons, et certains passages paraissent un peu lourdauds. Mais ça reste à la marge, et l’ensemble est agréable. Le groupe est plutôt doué pour les orchestrations ; il devrait peut-être creuser de ce côté-là à l’avenir. Les parties purement brutales, en revanche, tombent un peu à plat, justement, sans accompagnement plus savant : le salut est donc probablement pour Miseration dans la juxtaposition et l’hybridation encore plus fines de ses différentes composantes ! Mais « Black miracles and dark wonders » reste très valable !