
« Ah, mais pourquoi tu t’obstines, bordel ??? ». C’est, en substance, ce que je pourrais me hurler si je me voyais là, face à mon clavier, et sur le point de me lancer dans l’écoute du quatrième album solo de Kele Okereke. Il me faut vous dire, si vous n’êtes pas assidus d’Adopte un Disque (honte sur vous, j’ai du sang gitan et je viens de vous maudire sur 4 générations), que j’ai, fort de mon amour pour Bloc Party, lancé plein d’espoir l’écoute de « The Boxer », puis de « The trick ». Et ai été affreusement déçu les deux fois. Aïe. Du coup, j’ai fait l’impasse sur « Fatherland », l’album de 2017. Mais voilà, musicalement du moins, je suis d’une nature optimiste, persuadé que le changement est indissociable d’une carrière musicale. Et bien aujourd’hui, il est possible que je sois récompensé de ma patience et de ma foi. Si les précédentes réalisations se concentraient sur une espèce de compromis foireux entre musique électronique, r&b et une forme de pop, hum, personnelle, ici le londonien renoue un peu avec le rock. Certes, « Jungle bunny » évoque les racines africaines de Kele en dénonçant le racisme toujours présent, et le disque reste très empreint de groove analogique (de groove tout court d’ailleurs), mais il y a quand même ici un peu plus à se mettre sous la dent. « Jungle bunny », d’abord, plus rock qu’il n’y paraît. « Let England burn » et sa vraie-fausse guitare (même si ce titre ne me convainc guère)… Mais surtout le retour de vraies bonnes chansons, poignantes et riches ; « St Kaepernick wept », « Ceiling games », « Cyril’s blood », « Secrets west 29th »et « Back burner », chacun dans leur style, fonctionnent parfaitement. « 2042 » est un album généreux en titres (16 au total pour une heure de musique) et donnant un panorama complet des désirs et influences de son auteur : de quoi satisfaire pas mal d’auditeurs. Me voici enfin réconcilié avec Kele ; pourvu que ça dure !