
C’est de Finlande que nous vient Kaunis Kuolematon. La riante contrée a toujours été un terreau assez fertile pour le doom. Ici, on se situe en territoire doom death limite funeral certes, mais surtout avec une aura orchestrale et épique assez prononcée. Et l’ensemble est interprété en finnois. Bon, on s’en fout un peu de tout ça. Ce qui est important, capital même, c’est ce qui ressort de l’écoute de ce disque. Des contusions. Ce disque dont je ne citerai pas le nom (cherchez pas, c’est juste la flemme) est une claque monumentale. Puissant, grandiose, aérien, authentique, il repose sur une alchimie en apparence simple mais à la recherche de laquelle beaucoup se sont cassés les dents : le contraste entre mélodie et violence. D’aucuns seraient tentés de se moquer, de remplacer le mot « mélodie » par douceur. Il n’en est pourtant rien. On retrouve aussi ici des relents black, des riffs bien heavy : ce n’est pas le rythme qui fait de ce disque un excellent album de doom, mais son ambiance. Elle vous attrape et vous emporte comme un maelstrom. Vous avez l’impression de vous y noyer mais restez cependant comme hypnotisés par tant de maîtrise et de force. Le travail des claviers est prépondérant certes, mais chaque musicien de Kaunis Kuolematon, et ses vocalistes (l’un pour les growls, l’autre pour le chant clair) est loin d’être en reste ; tous les rouages jouent leur rôle à la perfection, et sur les neufs titres qui nous sont donnés à entendre ici (huit si on ne compte pas l’intro), aucun n’est à écarter. Bien sûr, d’un titre à l’autre, on retrouvera des tics communs, mais ça ne s’identifie pas à une recette ; c’est juste une question de sensibilité, une sonorité qui peut rappeler un Swallow The Sun ou d’autres groupes de la mouvance, avec cependant une touche personnelle dans la manière d’agencer ou d’alterner les types de passages. Bref, Kaunis Kuolematon fait du neuf avec du vieux, et le fait vraiment très bien !