Igorrr est un fou furieux, qui vit intensément sa musique, et heureusement d’ailleurs, puisqu’il doit être le seul à la comprendre complètement. Si vous ne connaissez pas le bonhomme (car oui, il s’agit bien d’un one-man band, et français de surcroît), il faut vous imaginer, euh, tout et son contraire réuni dans une toute petite boîte difforme délicatement posée sur une machine à laver chargée de C4 en position rinçage viril. Forcément, ça remue, ça pète et ça déborde de partout. Pour le commun des mortels, une telle expérience est au mieux destabilisante, au pire désagréable et même traumatisante. Mais pour ceux qui en trouvent la clé mentale, alors c’est une expression à la fois poétique, drôle, folle, effrayante et juste géniale. Dans son monde tout en démesure, on entre cette fois par la porte de la démence et de la lourdeur avec un « Viande » que j’ai du mal à vraiment apprécier, et à comprendre le positionnement au décollage. « ieuD » est lui plus conforme à ce que l’on est en droit d’attendre d’Igorrr : un melting pot baroque, electro-metal et black metal (miam ce riffing) complètement foutraque mais qui passe tout seul. « Houmous », lui, mélange musique des balkans, breakcore, gros riffs, emphase, musique 8 bit, et basse slap : chouette menu. Bon, je ne vais pas tous les disséquer parce que, quand même, le plaisir de se coltiner un Igorr est pas mal assujetti à la (re)découverte des richesses musicales et stylistiques de chaque morceau, et de l’exceptionnelle faculté d’articulation du bonhomme. Alors non, «Savage sinusoid », ça n’est pas du « portnawak », c’est même loin de l’être. Parvenir à assembler des idées et influences aussi disparates au sein d’un même album, à fortiori au sein d’un même titre, et en faire quelque chose qui se tient, c’est du grand art. Et je n’admettrais aucune discussion. Excellentissime !
Igorr : Opus brain