
Présent depuis 2000 sur la scène rap underground française, Hugo TSR a toujours montré une forte volonté d’indépendance et une distance par rapport aux codes actuels du hip-hop. Discret, attaché aux rimes et à la lisibilité des textes et du flow, il préfère souvent avancer seul que mal accompagné ou par des colistiers dont il ne partage pas les valeurs. Le voici revenir vers nous avec « Jeudi », récit d’une journée-type d’un conducteur de train. Un quotidien romancé, forcément (Oui, Hugo partage le même taf, mais vous comprendrez à la fin), mais on ne sait pas vraiment à quel point. En tout cas, le storytelling est réussi, et l’accompagnement des instrus est impeccable. « Jeudi » est un album très court (20 mn) à l’issue tragique, qui ne respire ni l’espoir ni la joie de vivre, mais prouve encore une fois la maîtrise du bonhomme et son talent dans ce qu’on peut maintenant appeler le rap « old school ». En effet vous ne trouverez pas ici de trap, de sons actuels, de traitement des voix au kilomètre : Hugo transpire le bitume, nourrit son rap d’images et de références plus « life » que « street ». Rap conscient ? Oui, on peut le dire. De cette conscience qui te pourrit le quotidien, les yeux grands ouverts sur les failles et les balafres de ta réalité. Pourtant, du début à la fin, on prend plaisir à suivre cette tranche d’une vie grise qui glisse doucement vers le néant. Pas besoin de grandes histoires pour faire un grand disque.