
Hate est un cador de la scène metal polonaise, traçant son sillon death black depuis pas moins de trente ans avec une courbe de progression certaine ces dernières années. Récemment, le groupe a perdu son batteur (pour des raisons autres que les sempiternelles divergences d’opinion, ce qui n’est pas forcément une bonne nouvelle) et a donc engagé un nouveau cogneur au jeu différent. Un petit changement, mais qui du influer sur le processus de développement et d’enregistrement des nouveaux titres (de fait, on entend beaucoup mieux la batterie, même si encore plus ne m’aurait pas dérangé), et donc amener un peu de fraîcheur et d’idées nouvelles. Bon, on ne va pas se mentir non plus, « Rugia » reste dans la continuité de la discographie du groupe. Mais ça, c’est une bonne nouvelle, puisque Hate a depuis un moment trouvé un rythme de croisière et une alchimie idéaux. Sur les neuf titres de ce douzième album, tout est impérial : les parties purement black sont magnifiques, à la scandinave (et tant mieux, puisqu’elles sont ici beaucoup moins présentes), et le death purement polonais, classique, massif et efficace. Saupoudrez le tout de technicité et d’ambiances, agrémentez de parties de guitare et soli vraiment léchés (on appréciera les clins d’oeil old school aussi), et vous obtenez une merveille du genre « nouvelle école » pour qui désire s’en prendre plein la face. On évitera les comparaisons avec « l’autre polonais » ; les deux formations partagent les mêmes influences, les mêmes origines et sont de la même génération, il est donc naturel que leur musique se ressemble. Cependant si on veut creuser un peu les thèmes sont différents. Ici par exemple, Hate se penche sur l’histoire d’une île de la mer Baltique, lieu de recueillement et de rituels pour les payens, et en profite pour explorer un peu l’histoire. Quoi qu’il en soit, et même si on pourrait reprocher à l’album sa courte durée (un titre de plus aurait été apprécié), on aura du mal à se détacher de ce pavé, qui certes s’écarte un peu du chemin tracé jusque-là par son côté plus death dark que death black (subtil sur le papier, mais perceptible à l’écoute), mais garde en tête l’objectif de décrochage de cervicales. Puissant.