
Hasard, c’est tout simplement la nouvelle émanation d’un des acteurs de l’underground (post) black le plus créatif et productif de ces dernières années, Hazard. On peut par exemple citer le projet « Les Chants du Hasard » qui reprend un peu le flambeau d’un Elend avec une sorte de post black orchestral et opératique. S’il a simplifié et francisé son pseudo pour créer ce nouveau one-man band, sa musique, elle, n’a pas suivi le même chemin. Horrifique, chaotique et intense, « Malivore » est une œuvre dense qui capitalise le travail de Hazard, notamment en proposant des orchestrations très fournies et complexes. On appréciera notamment le clin d’oeil à « Dracula » sur le premier titre « Hypnocentrisme ». Hasard n’hésite pas à user des dissonances, des samples et des éléments indus pour appuyer son côté cauchemardesque, ce qui peut évoquer un Blut Aus Nord. Le son est chaud, l’atmosphère étouffante : chaque titre nous écrase par sa puissance et son caractère implacable, nous perd dans des méandres de larsens, mais introduit aussi une notion de majesté dans sa musique. Les parties orchestrales sont vraiment prépondérantes, elles donnent toute leur force et leur magie aux titres et apportent un écrin malsain et surréaliste à la furie black. Pour tisser une toile si inextricable de noirceur et de haine, il faut forcément un peu de temps, et ça explique la relative longueur des titres. « Malivore » est un album exigeant, le premier venu ne sera pas forcément capable d’y voir autre chose qu’une œuvre anarchique et brutale. Mais si le diable se cache dans les détails, alors ici l’horreur déjà évidente au premier regard dissimule un plan d’une précision et d’une froideur exemplaires… Étourdissant !