DENGUE FEVER : Ting mong

Sorti en 2015, « The deepest lake », le disque précédent de Dengue Fever, a été l’artisan de ma découverte de ce groupe américain qui allie folklore cambodgien et rock psychédélique. Depuis, le groupe a pris une longue pause, a subi comme tout le monde la pandémie, et a donc revu son mode de fonctionnement. Pour ce huitième album, Dengue Fever a souhaité allonger la sauce ; en créant des titres plus longs et plus sinueux, il gagne en mystère ce qu’il perd en spontanéité. Pas vraiment étonnant étant donné le thème de l’album ; un « Ting mong » est une sorte d’épouvantail, souvent affublé d’armes factices, utilisé pour chasser les mauvais esprits, maladies et fantômes. « Touch me not », qui entame le disque, ne me convainc hélas pas du tout ; trop psyché, pas assez tragique. « Silver fish » fait un peu mieux mais il y manque encore quelque chose. « Macho purple sunset » est bien trop sage pour me soutirer autre chose qu’un ennui poli. Heureusement, « Great on paper » se montre bien plus passionnante ; c’est une sorte de revisite de Polyphonic Spree, avec des influences Khmer moins prégnantes, et à la voix masculine ; ça change, et c’est pas mal du tout ! « Prahok in my suitcase » renoue avec la présence enchanteresse de Chhom Nimol (oui, je ne suis pas très objectif, et alors?) et adopte une ambiance un peu ethiojazz qui lui va bien aussi. On ne change pas d’atmosphère pour l’instrumentale « Late checkout at the Cedarwood Inn », tout aussi réussie. « Room 720 » et sa guitare cool assez typée retro americana font leur effet (et le bon). La bicéphale « Over the handlebars » brise un peu la magie pour moi, et « Wake me up slowly » ne fait pas mieux. Une fin qui fait écho au début de l’album dans ses sonorités comme dans son ressenti (malheureusement) pour ma part. Et un disque qui réussit et échoue à la fois dans son désir de changement et le résultat produit par celui-ci.

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