Parler de black metal anglais paraissait jusqu’en 1994 assez ridicule. Bon, ok, il y avait eu Venom, mais la genèse (et le fut-elle vraiment ?) du genre était bien lointaine, et depuis la scandinavie avait repris le flambeau, et transformé celui-ci en grand brasier, troquant le satanisme de pacotille contre de vraies préoccupations et croyances païennes et occultes. Le premier album de Cradle Of Filth lance un pavé dans la mare, mais ce n’est rien à côté de ce deuxième album en tout point maîtrisé.Le black metal orchestral horrifique et cinématographique des anglais est ici à son apogée. De plus, bénéficiant de l’appui du label Music For Nations, il connaît une médiatisation qui le placera à égalité avec ses voisins européens, créant une polémique qui fera long feu. Cradle of Filth se pose alors en concurrent symphonique et gothique, beaucoup plus théâtral et littéraire, digne héritier de la NWOBHM et des ambiances des films de la Hammer. Et comme souvent, ce qui fait en grande partie la personnalité du groupe est aussi ce qui rebutera une grande partie de ses détracteurs : la voie suraiguë de Dani Filth. Il serait pourtant dommage de s’arrêter à ce « détail », tant la musique du groupe possède de qualités !