Cosmo Sheldrake est un jeune compositeur anglais qui s’aventure entre la folk, la pop, l’electro et des genres plus expérimentaux. Quand on croise sa musique (pour ma part, c’était sur Groover), on ne l’oublie pas. Il y a ici quelque chose qui rappelle un Other Lives ou un Midlake, une ambiance à la fois fantasque et baroque. Il faut dire aussi que le monsieur est professeur de musique ; ça explique le côté extrêmement construit et bien composé de « Eye to the ear ». Cosmo Sheldrake n’est pas avare en rythmes savants, superpositions sonores et structures farceuses, et pas avare tout court d’ailleurs ; avec ses vingt et un titres pour une heure de musique, l’album en donne à ses auditeurs pour leur argent et même plus. On trouvera aussi, en tendant l’oreille, des sonorités plutôt musique du monde et des samples non identifiés. Tout ça est trituré, retourné, manipulé et remis en forme pour aboutir à des titres aussi originaux que frais. Au niveau des sentiments qu’ils provoquent, là aussi c’est complexe. On est ni dans la douceur, ni dans la brutalité, ni dans la légèreté ni dans la gravité, mais un peu tout ça à la fois, avec quelque chose qu’on ne saura pas trop qualifier autrement que « poétique ». La voix du monsieur est également très particulière. Et je pourrais comprendre qu’elle ne plaise pas à tout le monde, mais à mon sens elle cadre parfaitement avec l’ambiance générale de l’album. Je serais bien en peine de conseiller un titre plutôt qu’un autre, d’extraire un passage ; la magie opère certes titre par titre, mais tout autant dans la globalité. « Eye to the ear » est une expérience unique et installe sans aucun doute possible Cosmo Sheldrake parmi les grands compositeurs et interprètes du folk nouvelle génération, un artiste à l’aura énorme comme on en croise pas beaucoup dans une vie. Quel album !
