Depuis ses débuts, Code prend un malin plaisir à brouiller les pistes et se renouveler en permanence. En même temps, le genre dont il se réclame, à savoir le post black metal, a le dos assez large pour qu’on s’y promène sans vraiment risquer d’être qualifié de hors sujet. Sur ce nouvel album, on peut affirmer que les anglais renouent plus franchement avec le black metal, en employant plus systématiquement les tics d’un style très scandinave, mais marient ces sonorités crues et haineuses à une forme de rock progressif mutant. L’ensemble sonne parfaitement cohérent, et « Flyblown prince » s’écoute de bout en bout sans jamais qu’on s’en lasse. Il faut dire que le groupe, fort de ses nombreux mouvements de personnel, a accueilli des idées brillantes venues d’horizons bien différents, et il est naturel que toute cette expérience, fusse-t-elle acquise par personnes interposées, porte ses fruits en faisant de ce disque une œuvre à la fois complexe, brutale et théâtrale (Arcturus n’est parfois pas très loin dans l’interprétation vocale). Comme depuis ses débuts, la musique de Code ne se révèle pas au premier venu, et si « Flyblown prince » révèle des aspects très crus de la musique du groupe, il demande un investissement, une implication que tous ne seront pas prêts, physiquement et mentalement, à accepter. Car si violence il y a, elle n’est pas synonyme de célérité ; le rythme est plutôt pesant, et les riffs mutent, s’imbriquent et se dissocient sans cesse, notamment grâce au bon niveau technique des musiciens. Bref, rien n’est facile ni plaisant ici, et si les fans de la première heure seront content de retrouver les sonorités plus « dures », les nouveaux venus ne seront pas ménagés. Et paradoxalement, c’est dans ses plus grands moments de folie, ici le titre-fleuve « The mad white hair » de 12 minutes, que le groupe s’avère le plus doué, prenant vraiment le temps de développer un microcosme et d’y faire évoluer et mûrir chaque idée. Arrivé à la fin de ce morceau, on se dit d’ailleurs qu’on aurait aimé que l’ensemble de l’album soit du même acabit, même s’il est très bon. Peut-être la prochaine fois ?
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