
Carpenter Brut est l’un des meilleurs projets synthwave français et internationaux, c’est indéniable. Pourtant, je n’ai pu m’empêcher d’être déçu par « Leather teeth », qui restait pour moi un peu trop proche de son prédécesseur, bien qu’aussi bon. Et bien, une bande originale de film en tant que nouveau projet, voilà qui peut amener du sang neuf. C’est un exercice qui permet de mettre sa musicalité au service d’une vision, qui oblige à composer des titres assez forts pour marquer, ce même si c’est l’image que le public retiendra en premier lieu. Bon, bien sûr, il y a ceux qui, comme moi, par le concept alléchés, viendront s’enquérir du contenu sans rien connaître du contenant. Et bien, j’ai envie de dire ; grand bien leur fasse. Car oui, « Blood machines » ne les décevra pas, même s’il ne peut être considéré comme un disque classique du one-man band. On y retrouve, après tout, la même ferveur à produire des titres nerveux, dansants et éclaboussés d’influences films de genre. Mais pas comme on pourrait le penser. Le disque commence très fort avec une intro bien musclée qui enchaîne sur le thème principal du film, assez énorme. Les titres suivants calment le jeu, installent une ambiance inquiétante et font progressivement monter la tension ; Carpenter Brut n’a jamais aussi bien porté son blaze. Les choses semblent se préciser sur « Bloody kisses the swift » qui laisse penser à une explosion imminente. Mais « Lago’s sleep » rétropédale, et il faudra attendre le « Grand final » pour retrouver la testostérone habituelle des productions labellisés du projet. Enfin, « Gone now », qui voit Pencey Sloe (un trio parisien shoegaze / goth) joindre ses forces, sent bon la chanson de générique, permettant aux spectateurs de repartir sur un nuage, fusse-t-il radioactif. Vous l’aurez compris, cet album se montre beaucoup plus mesuré que les autres, jouant plus sur les ambiances. On a souvent l’impression de se retrouver face à des intros, des chauffeurs de salle qui mettent en condition, préparent le terrain pour une explosion de fureur… qui ne vient jamais. Alors oui, ça peut être frustrant pour certains, mais je trouve ça plutôt malin, et je suis persuadé que ça sert parfaitement l’ambiance.