
Monika Brodka a pris son temps pour composer et sortir son cinquième album : « Brut » est en effet la suite directe du « Clashes » chroniqué dans ces pages en 2016. Cinq ans qui lui ont servi à redéfinir son style ; fini les influences pop sixties, bonjour l’electro pop dans l’air du temps, avec toujours ce côté sombre qui ressort ; on frôle souvent le rock, la cold wave, mais on se situe toujours dans la frange groovy et dansante qui écarte toute velléité de qualifier le tout de gothique : on verserait plutôt dans le post punk (avec l’utilisation de cette basse caractéristique), ou l’electro clash (plus dans l’attitude que dans le son). Côté thèmes, ça suit ; de bons coups de pieds dans la fourmilière de la bienséance, frappes chirurgicales ou plus globales, viennent émailler un disque pas avare en (bonnes) surprises. Pour le disque précédent, j’avais cité Agnès Obel, Emilie Simon, Karen Elson ou Lana del Rey. On pourrait encore les aligner ici, mais j’y ajouterai une Oh Land dans ses bons jours. Brodka capitalise ici ce qu’elle maîtrise en ajoutant une jolie couche de modernité et de diversité. Et si quelques titres restent un peu « en-dessous », et si on avait nourri bien des espoirs avec les deux excellents titres introductifs qui ne seront pas forcément suivi d’effets, on apprécie quand même sans mal l’ensemble : « Brut » est truffé de très bonnes chansons, qu’elles soient intimistes comme « Fruits », acides comme « In my eyes » ou hits en puissance comme « Game change », et mon petit coeur meurtri a du mal à résister aux tons ombrageux, à la mélancolie omniprésente et à la voix chargée d’émotion et de sensualité de Brodka. Joli !