Des fois, il y a des disques qu’on ne voit pas arriver, venus d’artistes dont on avait jamais entendu parler, dotés d’une telle dégaine qu’on aurait pas parié un centime sur eux. Des fois même, ces disques changent notre vie. Peut-être pas pour toujours non, mais au moins pour quelques heures, quelques jours, quelques mois au mieux. Ce « As Clean As Possible » en est le parfait exemple. Boogers, c’est un français, batteur pour Rubin Steiner à la base, et apparemment fan de pop indé bricolo et fun. Aucune prétention ici, et même un amateurisme assumé, autant dans les paroles que l’exécution (un accent anglais pas trop dépaysant, pour le dire gentiment) forcent l’adhésion immédiate. C’est frais, c’est fun, ça fait chantonner, taper du pied et bouger la tête. Ça sent l’été et les party étudiantes. Ça ressemble pas à grand-chose, c’est en équilibre instable, c’est l’essence même de la pop indie, et ça fait du bien de constater que quelque part en France, un pauvre bougre totalement autodidacte est capable de pondre un album aussi bon, sans gros moyens mais avec juste un grain de folie de plus que les autres.
Boogers : I lost my lungs