
Difficile, dès le lancement du disque, de prendre « Born » autrement que pour ce qu’il est : un hommage appuyé au (hard) rock psyché / prog des seventies. C’est le mellotron qui nous saute aux oreilles dès le départ, c’est l’ambiance très King Crimson, c’est le long développement instrumental qui finalement ne laisse aucune place à la voix de Conor Riley sur la première piste « Born ». Dommage d’ailleurs car une fois libérée sur le très sympathique « Descending us », celle-ci montre toute sa maîtrise et sa discrétion, mises au service de titres qu’on ne peut bien sûr qualifier autrement que « classiques » mais dans le bon sens du terme. Chaque musicien y est parfaitement investi, et si jamais ce premier opus faisait également office de chant du cygne, le groupe de San Diego n’aurait aucunement à en rougir tant ses qualités sont éclatantes. Alors oui, il est vraiment difficile de faire le tri entre ce que les gars ont amené à leur musique et les plans inspirés de ceci ou cela. Mais quand on écoute un très bon titre comme « For yesterday », très rapidement on y fait plus attention et on se contente de profiter de l’instant présent. Comme chez la plupart des formations de l’époque, on trouve aussi des infiltrations jazz, des couleurs psychédéliques. Et de longs titres ; « Born » n’en comporte d’ailleurs que 6 pour 41 minutes de musique. Et aucun n’est faible ou pénible, même si je m’arroge le droit de préférer les titres chantés, qui montrent plus le côté progressif du groupe, son talent à agencer des reliefs différents, creuser des valons propices au développement de passages calmes et pop, puis y installer une voix ferrée qui amène l’auditeur à un point culminant, avant de le lâcher dans le vide et le rattraper en douceur. Un très bon album, avec une fin peut-être un peu trop abrupte, mais qui laisse envisager une suite époustouflante !