
Thomas Bücker nous revient avec un cinquième album toujours coincé quelque part entre l’expérimentation, le neo classique et l’electro ambiant. On ne se plaindra pas de cet entre-deux perpétuel tant il nous amène de jolis moments un peu glacés, comme des réminiscences post guerre nucléaire totale d’un monde d’avant partiellement oublié déjà. Bon, on espère que ce ne sera pas prémonitoire étant donné le climat mondial général, mais si c’est le cas, on sera déjà préparé musicalement pour les générations à venir donc. Encore une fois, Bücker joue avec le premier plan et les arrière-plans pour bâtir une expérience sonore dont la richesse se cache dans les détails. Mais loin de se contenter d’être un jeu de cache-cache où l’auditeur fouille et scrute pour trouver la pépite, et comme ne l’indique pas son titre très « mécanique », « Système » recèle aussi, comme ses prédécesseurs, de la beauté. Simples ou complexes, les titres sont un enchevêtrement de nappes de claviers, de basses discrètes, de phrases d’instruments classiques, de sonorités industrielles disséminées, d’interférences numériques. Comme si la transmission provenait de très loin dans le temps ou l’espace, altérée par le voyage. L’élégance est là, la mélodie jamais noyée par les effets, mais tout de même, la patte Bersarin Quartett est reconnaissable. Les titres sont plutôt courts, entre trois et cinq minutes, et les cinquante minutes de l’album passent aussi vite qu’une sieste réparatrice, un moment suspendu dans le temps. Encore une jolie bulle musicale à mettre au profit de l’allemand !